est trop tard, et quiconque y porterait la main serait brisé.
En ce moment, le parti (dont je suis quand même par le titre, puisque je suis républicaine à jamais) est scindé : Paris, Bordeaux. Quelles que soient les fautes commises à Paris, la dernière proclamation contre Bordeaux est très belle, très grande, très généreuse, très vraie, selon moi. — L’essai de coup d’État tenté à Bordeaux est inepte et coupable. Il est puni, n’en parlons plus. Vous allez voir quelle majorité contre lui !
Mais il remuera toujours, il récriminera, il fomentera les passions, il fera naître des troubles partiels. Il faut s’y attendre d’autant plus, qu’autour d’un noyau d’ambitieux, se groupent beaucoup d’honnêtes gens entraînés par le patriotisme froissé. — La réaction contre l’attentat au libre vote, ira-t-elle trop loin ? On peut le craindre. Pourtant je ne désespère pas de voir se former une opinion vraiment républicaine entre les deux extrêmes. Ce sera peut-être une minorité ; mais, si elle est dans le vrai, elle peut entraîner tout le monde et sauver l’honneur de la France, en même temps que la civilisation en Europe. Je ne désespère que par moments ; comme tous ceux qui souffrent profondément, j’ai mes heures d’affaissement. Mais la réflexion me montre toujours le possible, et le beau est toujours possible en France.
Que de vérités dans votre lettre ! Oui, il faudrait que nous fussions Américains à moitié. Mais nous ne pouvons pas, nous resterons Français ; c’est à nous de