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Page:Sand - Correspondance 1812-1876, 6.djvu/97

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DCCXCII

À MADAME EDMOND ADAM, AU GOLFE JOUAN


Nohant, 22 février 1871.


Ma Juliette,

Il ne faut pas vous laisser tomber. Il ne faut pas avoir de nerfs ; il faut dompter l’imagination, qui est le moteur fatal de cette maladie. C’est bien assez de ce que le cœur et l’esprit souffrent, sans y joindre l’exaltation, dangereuse à soi et aux autres. Calmez-vous, mon enfant, je le veux, au nom de votre fille, qui n’est pas forte et que vos souffrances tueraient. Elle aspire tant à vous revoir ! Ne la rendez pas témoin de crises qui peuvent devenir contagieuses. Elle n’est pas de la nature des pythies : elle ne résisterait pas à ces exubérances qui vous attirent et vous brisent.

Je me suis cruellement tourmentée d’Adam[1]. J’ai été rassurée par télégraphe, très rassurée ; car, après m’avoir dit qu’il était perdu, on me disait qu’il n’avait presque rien. J’ai écrit trois fois à Plauchut pour qu’il vous empêchât d’être inquiète, et vous l’auriez été à l’excès ; car je ne serais pas arrivée à temps. Le mal

  1. À propos de son accident de chemin de fer.