Page:Sand - Cosima.djvu/111

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JACOPO.

Oui, monseigneur. Au coup de minuit, les personnes à qui elles sont adressées se trouveront ici.

LE DUC.

Vous les tiendrez enfermées dans le pavillon avec messire Alvise, jusqu’à ce que je les fasse appeler.

JACOPO.

Oui, monseigneur.

LE DUC.

Quelle heure est-il ?

JACOPO, regardant l’heure à une pendule placée sur un socle.

À peine onze heures.

LE DUC.

C’est bien ; allez au palais, vous trouverez dans la grande salle de danse le seigneur Ordonio Éliséi. Vous lui direz que je l’attends ici ; ensuite, vous irez chercher la dame dont je vous ai parlé, avec les précautions que je vous ai recommandées.

JACOPO.

Oui, monseigneur.

Il sort.
LE DUC, seul.

Non ! je ne pouvais pas m’en rapporter aveuglément à la parole d’une femme que le dépit et la jalousie égarent peut-être ! je devais me préserver aussi de la fascination que sa jeunesse et sa beauté exerçaient déjà sur moi. Insensés que nous sommes ! à quoi tiennent nos serments et nos résolutions ? Si la comtesse lisait dans mes pensées en cet instant… Allons ! il s’agit de faire le souverain et de tenter une épreuve… (souriant) dans laquelle le cœur du jeune homme n’est pas non plus tout à fait désintéressé… Quelle folie est la mienne ! (Il redevient sérieux.) Je travaille à rendre cette jeune femme à son mari, à ses devoirs, et, malgré moi, je souffre en songeant qu’elle a menti peut-être, et qu’Ordonio ne s’est pas vanté en vain d’être son amant !… Lequel des deux me trompe ? Il lui a écrit ce soir, j’en suis certain, et il a reçu d’elle la promesse