Page:Sand - Cosima.djvu/113

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LE DUC.

Et à quoi faisait allusion ce jamais ? Cela ressemble à une menace.

ORDONIO.

C’est celle qu’on fait toujours en pareil cas ! C’était lui dire que j’allais me donner la mort si elle ne répondait à ma flamme.

LE DUC.

C’est une menace fort peu effrayante, car on ne la réalise guère. Pour une personne aussi parfaite que vous l’avez dépeinte, votre belle Cosima fait peu d’honneur à son jugement, de se laisser prendre à une telle moquerie. Vous m’aviez dit qu’elle avait de l’esprit.

ORDONIO.

Ah ! monseigneur, elle est belle comme un ange ! (À part.) Qu’a-t-il donc ce soir ? Il a la parole brève.

LE DUC, à part.

Aurait-il tant d’assurance si elle était restée pure ?

ORDONIO.

Votre Altesse paraît soucieuse et préoccupée ; qu’imaginerai-je pour la distraire ?

LE DUC.

Rien, Ordonio ; je suis seulement un peu embarrassé pour vous dire ce qui m’arrive.

ORDONIO.

Le comte des Uberti aurait-il découvert que sa femme et Votre Altesse venaient un peu trop souvent chez moi ? Fi le jaloux ! Mais Votre Altesse ne peut pas le faire taire, et cela me regarde. Je vais lui chercher querelle, et en débarrasser le plus tôt possible sa femme et Votre Altesse. Justement j’ai une affaire d’honneur cette nuit. Allons, j’en aurai deux !

LE DUC.

Ah ! vous avez un duel cette nuit ?

ORDONIO, d’un ton leste.

Non pas moi, mais un mien ami à qui je sers de second.