Page:Sand - Cosima.djvu/114

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LE DUC.

Prenez garde, Ordonio ; les lois sont sévères à cet égard.

ORDONIO.

Plus sévères que Votre Altesse.

LE DUC, à part.

Son insolence me déplaît ! (Haut.) Écoutez, Ordonio. Il ne s’agit point de duel avec le comte. Il s’agit de le tromper encore cette nuit, car j’ai un rendez-vous avec la comtesse, à la même heure que vous, et il faut que ce soit chez vous.

ORDONIO, à part.

Odieuse fantaisie ! (Haut.) Il faudra donc que je renonce à mon bonheur, car j’ai donné rendez-vous à ma belle chez moi, et, si je ne m’y trouve pas à l’heure dite, il est à craindre que le confesseur ne l’emporte sur l’amant avant la fin de la semaine. Cependant, je suis toujours l’humble sujet de Votre Altesse.

LE DUC.

Oh ! Dieu me garde de vous demander un pareil sacrifice… Non ! j’ai tout arrangé. J’ai envoyé mon fidèle Jacopo, comme si c’était de votre part, chercher à son logis votre belle Cosima ; il va l’amener ici bien voilée, bien furtive, bien tremblante. Toutes les mesures sont prises pour qu’on ne se doute pas qu’elle vient vous trouver dans mon propre palais. Allons ! vous ne m’en voulez pas d’avoir dérangé un peu vos projets ? Le comte est si bourgeoisement jaloux de sa femme, que je n’aurais pas été en sûreté ici avec elle… Et messire Alvise, est-il jaloux ?

ORDONIO.

Oh ! de ce côté-là, je ne risque rien. Cet homme est si aristocratiquement tranquille, qu’en aucun lieu du monde…

Il avance l’aiguille de la pendule placée sur le socle.
LE DUC, qui l’observe.

Que faites-vous là ?

ORDONIO.

J’avance l’aiguille de cette pendule. Forcé d’être assistant