Page:Sand - Cosima.djvu/29

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

car il verra qu’un bourgeois de Florence est tout aussi mauvaise tête qu’un noble de Venise. »

COSIMA, effrayée.

Mon mari a dit cela ?

PASCALINA.

Et, comme il le dit, il le ferait ! Ainsi, dormez tranquille, signora. Dans l’occasion, notre maître prouvera bien qu’il sait garder son honneur et sa femme.

Elle sort.




Scène II


COSIMA, seule.

Son honneur ! qu’il le défende, s’il est vrai qu’il soit attaché à mon humiliation ! Mais sa femme !… Elle saura bien se défendre elle-même, s’il est vrai que l’amour d’un homme la mette en péril ! Tous ces donneurs de conseils ! ils ne s’aperçoivent donc pas de l’injure qu’ils me font en recommandant chaque jour à mon mari de faire le guet autour de moi ? Jusqu’à cette servante qui croit m’honorer en me disant qu’il me gardera comme un sbire, l’épée au poing et la défiance au cœur !… L’air que je respire est chargé d’idées grossières et de paroles blessantes !… (Elle s’approche de la fenêtre.) Il n’est pas venu hier au soir ;… et aujourd’hui… l’heure est passée, car Alvise va rentrer… Cet homme m’aurait-il délivrée pour toujours de sa présence ?

Elle tombe dans la rêverie.




Scène III

NÉRI, COSIMA.


NÉRI, à part.

Toujours à cette fenêtre ! (Haut.) Ne craignez-vous pas de vous rendre malade ? L’air est froid ce soir, madame.