Page:Sand - Cosima.djvu/30

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COSIMA, tressaille et quitte brusquement la fenêtre en apercevant Néri.

Vous êtes trop facile à inquiéter, Néri ; je n’ai point froid.

NÉRI.

Vos traits sont altérés pourtant !

COSIMA, avec impatience.

Qu’importe ?

NÉRI.

Je vous assure que vous êtes changée depuis quelque temps.

COSIMA.

Eh bien, il est peu galant de me le dire.

NÉRI.

Il est vrai que je ne suis pas un courtisan, moi !

COSIMA.

Eh bien, vous, quoi ?

NÉRI.

Vous m’en voulez, Cosima, depuis le soir où j’ai été si étrangement trompé par une femme que j’ai prise pour vous et à qui j’ai donné le bras pour sortir de l’église…

COSIMA.

Vraiment, je vous conseille de rappeler ce trait ! Il fait honneur à votre sagacité !

NÉRI.

Comme votre manière de me répondre fait honneur à notre amitié !

COSIMA.

Allons, Néri, vous savez bien que je ne vous en veux pas de vous être si plaisamment trompé. Mais je ne saurais oublier l’humeur que vous m’avez témoignée à cette occasion, comme si j’étais coupable de votre maladresse, et comme si ce n’était pas à moi de vous reprocher une si singulière distraction.