Tantôt vous me reprochez trop de négligence, et tantôt trop d’empressement.
C’est que tantôt vous me suivez comme un écuyer, et tantôt vous vous placez devant moi comme un matamore.
Et, de toute façon, je suis ridicule et déplaisant ! Hélas ! qu’ai-je donc fait ? Vous m’aimiez autrefois comme un frère, et maintenant vous me méprisez comme un gardien,… comme un geôlier !
Mais aussi, pourquoi te charges-tu d’un pareil emploi, mon pauvre Néri ?
Ainsi, je suis votre gardien !… je suis votre geôlier, moi !… Mon Dieu ! (Cosima lui prend la main.) Mais que me dites-vous donc, Cosima ? (Avec des larmes.) Qu’avez-vous donc contre moi ?
Je n’ai rien contre toi, mon bon Néri, rien je t’assure… Je suis un peu irritée… Tu l’as deviné, je suis un peu malade, mon ami.
Oh ! oui, je le vois bien ; sans cela, vous ne vous tromperiez pas ainsi… Moi qui donnerais ma vie pour vous épargner un moment d’ennui !…
D’ennui ?… Eh bien, tu l’as dit ! c’est l’ennui qui me dévore, et, je le sais maintenant, c’est le pire de tous les maux ! Je ne vis pas ici ! J’étouffe…
Chère Cosima ! d’où vient ce mal subit ? Depuis deux ans que vous êtes mariée, j’ai toujours vécu près de vous, et je