Page:Sand - Cosima.djvu/60

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COSIMA.

Je vous l’avais même défendu ; ces trop fréquentes visites mettent ma réputation en danger, Ordonio.

ORDONIO.

Ah ! sans doute, c’est là tout le danger qu’elles peuvent vous faire courir ; mais je ne vous serai pas longtemps fâcheux, madame, car je suis venu exprès aujourd’hui pour vous faire mes adieux.

COSIMA, effrayée.

Vos adieux !…

ORDONIO.

Oui, madame, je quitte Florence.

COSIMA.

Pas pour longtemps, j’espère ?

ORDONIO.

Pour toujours.

COSIMA.

Quel est ce jeu cruel, Ordonio ? quel plaisir trouvez-vous donc à me faire souffrir ?

ORDONIO, amèrement.

Vous faire souffrir ! Quittez ce jeu, vous-même ! Personne ne vous a jamais fait souffrir, Cosima, et,… j’en suis sûr, vous ne souffrirez jamais !

COSIMA.

Personne ne m’a jugée ainsi !

ORDONIO.

Eh bien, moi, je vous juge.

COSIMA, avec des larmes.

Oh ! pourtant, je souffre !…

ORDONIO.

Elle souffre !… Écoutez, je ne vous demande qu’un mot, et ce mot, il est temps de me le dire, s’il est vrai que vous m’aimiez.

COSIMA.

Vous en doutez !