Page:Sand - Cosima.djvu/65

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COSIMA, cherchant la lettre.

Je ne sais pas encore… Je ne l’ai pas finie, mon oncle.

LE CHANOINE.

Tu ne la lisais donc pas ?

Il ramasse la lettre.
COSIMA, la parcourant.

Ah ! dans quatre ou cinq jours, grâce au ciel !…

LE CHANOINE.

« Grâce au ciel ! » comme tu me dis cela !… Auras-tu donc moins de joie au retour d’Alvise que tu n’as eu de douleur à son départ ? Il va revenir le cœur plein de confiance et de tendresse, et rien n’empoisonnera la douceur de votre réunion, n’est-ce pas ? Tu pourras présenter un front serein à son premier regard ; car, s’il te trouvait pâle et tremblante comme te voici, il en serait effrayé et voudrait en savoir la cause. Certainement, tu pourrais la lui dire.

COSIMA, hors d’elle-même.

Ah ! la feinte est un trop grand supplice ; et, plutôt que de mentir, je me jetterais à ses pieds, et je lui dirais tout.

LE CHANOINE.

Tout ! et vous ne m’avez rien dit à moi !

COSIMA.

Je vous ai trompé, j’ai trompé Alvise. Je vous ai menti à tous, j’ai menti à Dieu !

LE CHANOINE.

Et maintenant, vous allez me dire la vérité, je le veux, Cosima ! Au nom du Dieu qui vous voit et vous juge !… au nom de l’autorité paternelle que le ciel m’a donnée sur toi !… je l’exige… Parlez !

COSIMA.

J’ai revu Ordonio… Alvise m’en avait priée,… je le lui avais promis…

LE CHANOINE.

Vous m’aviez promis, à moi, de ne jamais le voir en l’absence d’Alvise… Et vous l’avez vu souvent ?