Page:Sand - Cosima.djvu/77

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qui est jaloux comme un tigre, et à celle de ma belle Cosima, qui est jalouse comme une dévote ! Ce cher duc est bien de nature princière ! Rien ne lui paraît plus simple que de s’emparer de ma maison, de mon repos, de ma vie tout entière, pour satisfaire sa passion ! — Heureusement, il me sert plus qu’il ne pense en attirant sa dame ici tous les jours. Je gagerais que Cosima envoie Néri rôder autour de mon palais… Le simple jeune homme est capable de tout pour lui plaire et je suis bien certain qu’il ne lui ménage pas l’assertion de mon infidélité. — C’est bien ! Tous servent mes intérêts, et, sans sortir de chez moi, je vais à mon but. Allons, il faut que j’écrive à la comtesse ! (il se dispose à écrire. Le domestique reparaît.) Qu’est-ce encore ?

LE DOMESTIQUE, à demi-voix.

La personne qui vient souvent ici, cachée sous son voile, s’est présentée à la petite porte. Je lui ai, comme de coutume, ouvert le passage secret. Elle vient.

ORDONIO, refermant la porte.

C’est bon. — (Seul.) Déjà ! La comtesse n’attend pas qu’on l’avertisse ! Elle devine les ordres de son maître. Quand donc ma belle Cosima viendra-t-elle ainsi au-devant de mes pensées ?

Il va ouvrir un panneau mobile dans la boiserie, à droite, en le faisant glisser. Le panneau donne issue à un passage secret.




Scène II

ORDONIO, COSIMA, voilée.
ORDONIO, la saluant avec respect.

J’allais vous envoyer un message, madame la comtesse.

COSIMA, levant son voile.

Quelle est donc cette femme que vous appelez madame la comtesse avant de voir son visage ?

ORDONIO.

Cosima ! (Se remettant après un instant de surprise.) Et c’est pour