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Sous l’Empire, M. de Talleyrand, qui venait le voir souvent et qui faisait grand cas de lui, vint lui annoncer qu’il était nommé évêque d’Arras. Il refusa et fit nommer son ami M. de Latour-en-Lamagnai à sa place. Plus tard, Talleyrand voulut l’attacher à l’ambassade de Russie. Il refusa encore. S’il avait caressé quelque chimère d’ambition dans sa jeunesse, le temps de fièvre et d’espoir avait été si court, qu’il s’en souvenait à peine. Sa vie extérieure brisée, il n’avait plus voulu, il ne voulait plus vivre que par le cœur. Et puis il avait subi une contrainte si contraire à ses instincts, que la liberté lui paraissait le premier des biens. Je l’ai souvent entendu dire à ma grand’mère que la Révolution l’avait délivré, et qu’il n’avait pas le droit de la maudire. Tous deux détestaient 93, mais ils respectaient 89.

Le reste de la notice que j’ai sous les yeux devient personnelle à mes parents et à moi. Elle traite beaucoup de nos relations de famille ; j’ai parlé de ces relations et j’ai fait le portrait de mon grand-oncle dans l’Histoire de ma vie. Tout ce qui précède m’était inconnu ou mal connu ; peut-être n’ai-je pas parlé de lui avec