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MON GRAND-ONCLE

tout le respect que mérite un caractère si pur et si généreux. Dans une nouvelle édition de mon ouvrage, j’ajouterai au bien que j’ai dit de lui, car je me suis vraiment trompée en voyant toujours en lui une manière d’abbé de cour. J’ignorais quelle tyrannie il avait subie et par quels dévouements il s’était vengé. C’est un portrait à refaire, car il m’apparaît sous un jour nouveau. Ce n’est plus un débris de l’ancien régime prenant la nouvelle société avec une légèreté de cœur philosophique : c’est une victime de ce passé où les notions de la famille et les liens du sang sont si étrangement confondus et méconnus dans les grandes familles. C’est un opprimé plein de tendresse et de mansuétude, rendu à la possession de lui-même, resté aimable, souriant et paternel sur les ruines de sa propre existence.

Il vécut paisible, adonné aux arts, qu’il effleura d’une main légère, entouré de vieux amis et d’enfants adoptifs dont quelques-uns vivent encore et bénissent sa mémoire, entre autres mademoiselle Virginie Cazeaux, une personne de grand mérite qui lui a fermé les yeux à Brunoy, et qui s’est retirée à Tartas, d’où elle