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qu’il ne voulait pas compromettre. Tous les habitants du pays l’aimaient, aucun ne le trahit. Une sorte de télégraphie l’avertissait chaque jour de la direction prise par les gendarmes envoyés à sa poursuite. C’étaient des hardes de telle ou telle couleur que des villageoises avaient soin de suspendre, comme pour les faire sécher, aux fenêtres ou aux arbres.

» Un jour, le proscrit, voyant les militaires qui le poursuivaient entrer dans une rivière qu’ils croyaient pouvoir passer à gué, se hâta de sortir de sa cachette pour leur crier qu’ils allaient se noyer. Il se cacha de nouveau après leur avoir sauvé la vie.

» Sous le Directoire, M. Flaugergues découvrit, dans les propriétés de son père, une mine d’alun, et fit un voyage en Belgique pour étudier l’exploitation de ce minéral. Les lois contre les émigrés étaient encore en vigueur. Arrêté à Liége, il fut traduit devant un conseil de guerre avec deux autres Français qui lui étaient inconnus. Le premier appelé devant les juges fut condamné et presque immédiatement fusillé. Le second était Flaugergues. Il se défendit avec talent, avec la chaleur de la vérité, et prouva