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ne sache pas que ces deux amis aient discuté leurs croyances, ni qu’il ait été imposé silence à ce premier essai de prosélytisme.

Je crois qu’elle n’insista que faiblement et que la femme l’emporta vite sur l’apôtre. Tout orthodoxe qu’elle pouvait être, elle n’était pas née pour faire une convertisseuse. Elle n’était pas de ces êtres froids et dogmatiques qui, en voyant souffrir et s’éteindre l’objet de leurs soins, le persécutent du fanatisme de leur zèle. Elle était véritablement aimante, et aimante avant tout. Elle vit qu’il regrettait la vie ; elle n’essaya pas de lui prouver que la vie n’est pas regrettable. Elle comprit que c’eût été l’irriter sans le convaincre. Ce dont il avait besoin, c’était d’être plaint, elle le plaignit. Il lui fallait une compagnie de tous les instants, elle fut cette compagne sans repos et sans lassitude. Il avait des impatiences de malade, il lui fallait trouver une patience à toute épreuve, elle eut cette patience-là.

Ce fut d’abord une hôtesse régulière, mais intermittente. Elle allait, je crois, passer les hivers dans le Midi. Dans une pièce intitulée Adieu d’une hirondelle, elle lui dit :