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Nous allons, bien qu’épris de l’âtre.

Par les sentiers demi-couverts.
L’automne, en sa gaîté vermeille,

Orne de fruits les espaliers.
Nous allons vendanger la treille.

Joyeux comme des écoliers.
Que nous veut décembre et sa glace ?

Les sombres jours sont clairs pour nous.
Lorsqu’à ma main ta main s’enlace,
Ami, que le foyer m’est doux !
Des jeunes rêves d’un autre âge
Ton amour vient combler l’espoir,
Et, grâce à toi, de mon voyage,
L’heure la plus belle est le soir.

Il y a donc eu encore de beaux jours, des heures de bonheur et d’oubli dans cette longue agonie ? Une nouvelle absence forcée rend l’affection plus vive, presque passionnée.

Vous êtes triste, et loin de vous je pleure.
Ami, je compte un siècle dans chaque heure.
Mes yeux rêveurs cherchent votre regard,

Mon âme en deuil, une part d’elle-même.
Mais vous souffrez ! mais votre absente amie,

Sans les calmer, gémit de vos douleurs.
Ses yeux, que brûle une ardente insomnie,
Suivent en vain, dans la vallée en fleurs,