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pas touché ce cœur, doué d’une puissance exceptionnelle, et ce n’est pas seulement un amour mystique, c’est un amour réel et complet. Mademoiselle Flaugergues a enfermé le tombeau de M. de Latouche dans une chapelle au cimetière de Châtenay, et elle y demeure pour ainsi dire, puisqu’elle y passe toutes ses journées et souvent ses nuits. Elle y travaille, elle y médite, elle y vit, seule, muette, enfermée. Pendant longtemps, on l’a crue folle, et puis on s’est aperçu qu’elle était tout aussi sensée, aimable, intelligente et bonne que par le passé. Elle a conservé des amis dévoués, des relations dignes d’elle. Elle fait du bien, elle est aimée et respectée. Le temps a prouvé qu’il est, dans l’ordre moral, des forces qui ne s’usent point.

Pourtant un moment est venu où il lui a fallu quitter ce tombeau adoré. Comment elle en a été chassée par l’invasion et comment elle l’a reconquis au péril de sa vie, à travers des souffrances et des misères que nulle autre, à son âge et avec sa frêle organisation, n’eût pu supporter, voilà le récit qu’on va lire. Il est écrit en prose avec une simplicité et une candeur qui m’ont profondément touchée, car c’est pour moi