Page:Sand - Flamarande.djvu/109

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

J’appelai la Niçoise, qui se tenait à trois pas de là, et je la fis rentrer. Le comte lui remit l’enfant en lui disant :

— Tenez-vous prête à sortir.

Puis, me retenant :

— Faites atteler, dit-il, nous irons à la municipalité. Il faut que le grand mensonge soit accompli. Demain matin le baptême, et demain soir le départ.

La mairie était à deux kilomètres du château. M. le comte fit monter en voiture la Niçoise et l’enfant, et, comme je lui tenais la portière :

— Je monte sur le siège, dit-il. Venez-y avec moi.

Puis, s’adressant au cocher :

— Donne-moi les rênes, Joseph ; je veux conduire. Monte dans la voiture ; je veux être aujourd’hui ton cocher.

— Monsieur le comte, dit Joseph, le cheval est terrible. Il n’a pas travaillé depuis huit jours, et le chemin est très-mauvais aujourd’hui.

— Eh bien, c’est pour ça, dit le comte en montant lestement sur le siège. Tu oublies, mon garçon, que c’est moi qui t’ai appris ton métier.

Joseph, soit respect, soit crainte d’un accident, monta sur le siège de derrière. Le cheval se cabra furieusement, le comte le fouetta de même ; nous partîmes ventre à terre. J’étais très-effrayé. M. de Flamarande était-il fou ? Voulait-il nous précipiter avec lui dans la Loire ?