Page:Sand - Flamarande.djvu/110

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Heureusement le hameau de Sévines était sur le chemin qui s’éloigne en droite ligne du fleuve, mais nous devions trouver par là un petit affluent probablement débordé aussi. Nous le franchîmes à gué sans accident, mais non sans terreur. Seul, M. le comte était impassible.

J’assistai comme témoin à la déclaration ; l’enfant reçut les noms de Louis-Gaston de Flamarande, et, quand nous remontâmes sur le siège, M. le comte me dit :

— Vous n’avez jamais conduit une voiture ?

— Quelquefois un cabriolet.

— Eh bien, vous pouvez conduire ce coupé ; prenez les rênes.

J’obéis ; cependant, au passage du ruisseau, je voulus les lui rendre.

— Non pas, dit-il, allez toujours.

Et il se mit à cingler le cheval, qui franchit comme un trait ce gué couvert d’un mètre d’eau. Alors, le comte, reprenant les rênes :

— C’est bien, dit-il, vous en savez assez ; vous prendrez demain soir cette voiture et ce cheval, c’est Zamore, vous le connaissez à présent. Il est capable de tout ; vous le conduirez toute la nuit sans vous arrêter, jusqu’à ce qu’il tombe. Il sera perdu, ne vous en inquiétez pas et prenez la poste dès qu’il sera fourbu. Ne vous arrêtez qu’au terme de votre voyage.

— Et si l’enfant était malade en route ?