tête, et, en me retournant, à la lueur du jour naissant, je voyais la trace de son sang sur la blancheur du chemin. Il arriva ainsi au relais, et, pendant qu’on le dételait, il tomba pour ne plus se relever.
— Votre cheval est mort, me cria-t-on.
Je ne puis dire l’impression que me causa cet incident prévu et le sentiment de douleur que j’éprouvai quand on ajouta :
— Une belle bête ! c’est malheureux.
Dix minutes après, n’ayant pas eu la peine de prendre et de laisser un nom quelconque, j’étais dans le coupé, et la voiture filait sur la route de Bourges. Je regardais l’enfant qui reposait tranquillement. Je ne répondais pas à la Niçoise, qui me parlait et que je n’entendais pas. Je me sentais tout à coup glacé et brisé. Je la priai de me laisser dormir une heure, et je dormis.
Au relais suivant, ayant consulté mes instructions, j’achetai des aliments pour nous. Il y avait dans la voiture un peu de linge pour l’enfant ; il m’était prescrit de lui fournir, ainsi qu’à la nourrice, tout ce qui serait nécessaire, mais de faire des emplettes fréquentes et de peu d’importance pour ne pas attirer l’attention. Je devais permettre à la nourrice de descendre de temps en temps et de marcher un peu, si elle en éprouvait le besoin ; dans les endroits habités, elle ne devait pas se laisser voir. Notre itinéraire par Bourges, Moulins, Roanne,