Page:Sand - Flamarande.djvu/151

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écriture bien contrefaite, une autre lettre que je mis à un autre bureau de poste, et qui contenait ces mots :

« L’enfant que vous avez trouvé dans la crèche n’est pas dans la misère. Élevez-le comme un des vôtres et ne faites aucune démarche pour connaître ses parents ; ils veilleront sur lui, et, si vous êtes prudents, si vous n’avez pas et ne faites pas naître d’inutiles curiosités, vous recevrez tous les ans, jusqu’à sa majorité, la même somme que celle que vous avez trouvée sur lui. Moitié de cette somme annuelle vous sera attribuée pour les soins que vous prendrez de lui. L’autre moitié servira à payer son entretien et sa première éducation. On exige qu’elle soit en tout semblable à celle de vos enfants. »

Ces deux lettres expédiées, je me disposai à repartir pour Flamarande. J’eusse préféré n’y pas retourner si tôt ; mais, tout en ayant décidé de n’avoir rien de commun avec l’aventure de la crèche, j’étais impatient de savoir si mon cher petit Espérance était bien accueilli et bien soigné.

Je trouvai les Michelin dans la joie. La bru, accouchée depuis quinze jours, revenait de l’église, où elle avait été faire ses relevailles. Je me gardai bien de questionner, et, dès que je vis paraître Gaston endimanché comme les autres, avec des primevères sauvages et des rubans à son chapeau, je demandai si c’était un parent de la famille.