Page:Sand - Flamarande.djvu/152

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— C’est notre enfant, me répondit Michelin fils, c’est le bon Dieu qui nous l’a envoyé comme par miracle ; mais c’est une histoire que je ne confie pas à tout le monde et que je vous dirai comme je la dirais à M. le comte, s’il me demandait la vérité. Je veux qu’il sache ce qui en est, parce que, s’il nous blâmait de garder ce petit, nous nous mettrions à la recherche de ses parents.

— Qu’est-ce que cela peut faire à M. le comte que vous éleviez un enfant de plus ou de moins ? Vous êtes le maître dans votre famille, monsieur ne se mêle pas de vos affaires. Il n’est pas sûr qu’il revienne jamais ici. Si vous voulez qu’il ne sache pas ce que c’est que cet enfant, je n’ai pas de raisons pour lui en parler, et, d’ailleurs, vous n’êtes pas obligé de me le dire.

— Je ne vous le dirai pas, monsieur Charles, reprit Michelin, je ne saurais, car l’enfant m’est inconnu ; mais voici l’histoire. — « Ma chrétienne de femme, étant sur son terme, priait soir et matin la bonne Vierge de lui donner un garçon, parce que, — nous sommes contents d’avoir des filles, — cependant nous serions encore plus contents d’avoir un homme pour conserver le nom et le rang de la famille,… si bien que ma femme avait mis au-dessus de son lit une petite image de la naissance du bon Jésus dans la crèche, et elle avait bon espoir.

» Il y a aujourd’hui quinze jours, elle entra en