Page:Sand - Flamarande.djvu/153

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mal d’enfant sur les dix heures du soir, et je m’en allai par la porte de derrière chercher la sage-femme. Toute la nuit, on a attendu la délivrance ; mais, comme ça ne se décidait pas, j’ai été ouvrir l’étable pour envoyer les bêtes à la pâture, et, devinez ce que je trouve dans la crèche ? un petit d’environ quatre ans, beau comme un diamant, fort comme un taureau, couché là comme un agneau dans la litière et dormant comme chez lui. Je m’étonne, je le regarde, je lui parle, il s’éveille, me sourit et m’embrasse.

» — Oh ! ma foi, que je dis, celui-là est ce qu’il m’aurait fallu pour être tout à fait content ! Le malheur est que je vas trouver par là son père ou sa mère, des passants fatigués qui auront trouvé la porte ouverte et qui dorment aussi quelque part dans mon fourrage.

» Je cherche, j’appelle, je tourne et retourne, je ne trouve rien ni personne. Je reviens à l’enfant, je lui parle, il ne répond pas.

» — Peut-être qu’il est sourd-muet, que je pense.

» Je le regarde encore. Je vois à son chapeau un billet de banque de mille francs.

» — Oh ! oh ! ça n’est pas un pauvre ! Qui diable peut vouloir abandonner un enfant si beau ?

» Je le prends, je le porte à la maison. J’arrive juste au moment où ma Suzanne venait de me donner encore une petite.