Page:Sand - Flamarande.djvu/175

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pièces, je songeais à Gaston jouant avec les pommes de pin de la forêt ou les cailloux roulés du torrent. En était-il plus malheureux ? Non certes, au contraire, peut-être ; mais les caresses d’une mère, la protection et la sollicitude de tous les instants, ce regard extatique attaché sur lui lorsqu’il s’endormait, ce sourire d’adoration à son réveil, cette prévision de son moindre désir, voilà ce qu’il n’avait pas, ce qu’il n’aurait jamais, et je me surprenais à parler tout haut dans ma chambre et à dire en pleurant presque :

— Toi, mon pauvre cher enfant, tu m’auras, je le jure ! tu m’auras pour t’aimer et pour veiller sur toi.

Le printemps arrivé, M. le comte annonça qu’il vendrait Sévines. Je pensais que madame en serait contente, car il parlait de l’envoyer sous mon escorte à sa villa de Pérouse, tandis qu’il irait s’occuper de la vente de sa terre. Madame lui témoigna le désir de ne pas le quitter, elle ne répugnait pas à revoir Sévines.

— J’aime mieux cela, répondit le comte.

Et, à moi, il me dit quand nous fûmes seuls :

— Je ne m’attendais pas à cette résignation, car je sais qu’elle a gardé de Sévines un souvenir affreux. Elle est vraiment la douceur même ; c’est un tempérament sans énergie, et, si les douleurs sont vives chez elle, elles ne sont pas profondes.

— Monsieur le comte a réussi, repris-je, à lui te-