En ce moment, M. le comte rentra pour savoir si Julie avait fait la triste révélation dont il l’avait chargée. Au lieu de trouver madame dans les pleurs, il la trouva dans une joie relative. Elle était comme folle, elle voulait partir sans savoir où elle voulait aller, elle prétendait qu’on n’avait pas bien cherché et qu’elle était bien sûre, elle, de trouver son enfant. Monsieur marqua de l’impatience, gronda Julie d’avoir sottement expliqué le fait, et se chargea de l’expliquer lui-même.
— La nourrice s’est noyée avec l’enfant, dit-il, on n’a retrouvé d’eux qu’un bonnet et un châle.
Madame resta pâle et fixe comme une statue. En un instant, elle se représenta la fin tragique de son pauvre petit enfant, et alors elle fit le geste de s’élancer les bras en avant, comme pour le ressaisir ; mais elle tomba la face sur le plancher et resta évanouie.
Quand elle revint à elle, elle eut la fièvre et le délire. Le docteur fut appelé, et, apprenant ce qui s’était passé, il exigea que l’on ne combattît pas trop les chimériques espérances de la mère. Madame fut très-malade pendant deux semaines, et je ne la trouvai pas guérie quand je la vis reparaître. Elle n’était pas affaiblie comme on devait s’y attendre ; elle avait au contraire une agitation fébrile qu’on ne lui connaissait pas, elle était active, résolue et insoumise, elle parlait de son fils, elle questionnait tout le monde, elle voulait savoir le