moindre détail de la catastrophe. Évidemment elle ne voulait pas croire à sa mort, bien qu’elle n’osât dire ses espérances dans la crainte de les entendre traiter d’illusions.
Je vis, en cette circonstance, combien la trame la mieux ourdie remplace imparfaitement le fait réel. Madame questionnait tous ceux qu’elle rencontrait, le moindre ouvrier, les pêcheurs du rivage, les paysans, qu’elle les connût ou non. Elle se promenait tous les jours à pied ou en voiture le long de cette Loire inexorable à laquelle elle redemandait en vain son enfant. Elle entrait dans toutes les maisons et dans les plus humbles chaumières pour demander des détails. Il y avait eu peu de personnes noyées à l’époque qu’elle indiquait ; mais il y en avait eu, des femmes et des enfants particulièrement, comme toujours. On avait pu constater les décès en retrouvant les cadavres, et nulle part on n’avait pu saisir le moindre indice de celui qu’elle cherchait.
Alors madame disait :
— Est-ce que vous croyez possible qu’une rivière engloutisse une femme et un enfant au point qu’on ne les retrouve jamais ?
Et les paysans riverains lui répondaient qu’ils ne le croyaient pas, la Loire roulant sur des bancs de sable qui reparaissaient à fleur d’eau durant l’été. On n’y connaissait pas de gouffres ni de tourbillons de ce côté-là. Et madame rentrait pour in-