paraître un petit et sa nourrice ? Avant la Révolution, dans les temps anciens, je ne dis pas. Vous connaissez bien la légende du château de Flamarande.
— Il y a une légende ?
— Et une belle. Je vais vous la dire, si vous le souhaitez.
— Dites, mon cher ; je vous le demande.
— C’était du temps du roi Louis.
— Quel roi Louis ? Il y en a eu beaucoup.
— L’histoire ne dit pas lequel ; mais j’ai entendu dire au curé de Saint-Julien que ça devait être du temps de Louis douzième. La dame de Flamarande avait mis au monde un petit, beau comme un soleil ; mais voilà que son mari a prétendu qu’il était le fils du seigneur de Mandaille, et, pour le prouver, il a mis un crucifix sur la poitrine de l’enfant endormi en disant : « Quand je nommerai ton père, au nom du Sauveur, je t’adjure d’ouvrir les yeux. » Alors il s’est mis à crier : « Flamarande, Flamarande, Flamarande ! » et le marmot n’a pas bougé ; mais, quand le comte a appelé par trois fois : « Mandaille, Mandaille, Mandaille !… » — Est-ce que vous êtes malade, monsieur Charles ? Vous êtes blanc comme un linge !
— Je suis sujet aux crampes d’estomac. N’y faites pas attention, Yvoine, et continuez, je vous prie. Votre légende m’amuse beaucoup.
— Eh bien, quand le seigneur de Flamarande