retenu ; mais elle paraissait en avoir pris son parti et se préparait à rentrer dans le monde.
Mes investigations de ce jour-là eussent été parfaitement inutiles sans l’idée qui me vint de demander à Suzanne si, après la mort de son père et sa maladie, M. de Salcède n’était pas très-changé.
— Changé ? répondit-elle ; ah ! je le crois bien ! ses beaux cheveux noirs sont devenus tout blancs.
— Alors il avait l’air d’un vieillard ?
— Non, il avait toujours sa belle figure jeune, et je crois même qu’avec sa tête à frimas il était encore plus beau et plus original ; mais, s’il est mort, comme c’est malheureusement probable, il a pu se faire teindre comme tant d’autres, et sans doute il n’y paraît plus.
Sûr de mon fait cette fois, je rentrai à l’hôtel Flamarande. Il était onze heures ; M. le comte, qui paraissait rarement à son club, y était allé ce soir-là. Madame était seule dans ses appartements ; après avoir assisté au coucher de Roger, elle avait défendu sa porte ; au dire de Julie, elle lisait.
Je priai Julie de demander pour moi un instant d’audience à madame, et peu d’instants après je fus introduit dans son petit salon. Quel sentiment me poussait à cette entrevue ? C’était un besoin, vague mais impérieux, de souffrir, car mon intention n’était pas formulée dans ma tête troublée. J’étais à peine sûr du prétexte que j’allais donner pour avoir sollicité mon audience ; j’en avais préparé