Page:Sand - Flamarande.djvu/231

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

plusieurs, comptant choisir celui que m’inspirerait l’accueil de la comtesse.

Elle était toute vêtue de blanc avec des nœuds de moire rose pâle sur son peignoir à dentelles. Je la savais frileuse, ce n’était pas la robe de chambre qui convenait à la saison, je m’attendais à la voir vêtue de cachemire ouaté. Cette toilette légère et comme transparente me troubla. Elle avait dû se sentir mouillée et glacée en revenant de son rendez-vous. Son âme ou ses sens exaltés rendaient-ils son corps insensible ?

Elle lisait, c’est-à-dire qu’elle feignait de lire, car, en m’entendant ouvrir la porte, elle avait posé son livre au hasard devant elle. Pourtant, si elle était agitée, elle le cachait bien. Il était impossible de croire à des transports intérieurs en voyant le sourire tranquille avec lequel elle m’accueillit en me disant :

— Que désirez-vous, monsieur Charles ?

— Puis-je espérer, répondis-je, que je ne serai entendu que de madame la comtesse ?

— Mais certainement, si vous avez fermé la porte.

— Elle est fermée.

— Très-bien ; parlez, mon ami.

Puisqu’elle avait l’air si bon et si confiant, je résolus de l’attaquer par le sentiment pour savoir si elle me haïssait.

— Depuis quelque temps, lui dis-je, il m’a sem-