Page:Sand - Flamarande.djvu/251

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

rable. La neige, en partie fondue, laissait à découvert de vastes espaces d’un vert frais, et les ruisseaux, débarrassés tout récemment de leurs aiguilles de glace, bondissaient et jasaient joyeusement. Les torrents, gonflés par cette subite fonte des neiges, avaient des cascades imposantes. Je n’avais jamais vu le pays aussi beau que dans ces jours du printemps tardif mais soudain et énergique de la montagne. J’eus donc du plaisir à marcher dans la traverse difficile de Montesparre à Flamarande.

J’étais parvenu vers trois heures de l’après-midi à une courte distance du manoir lorsque je vis s’ouvrir à ma gauche un sentier frayé que je n’avais jamais remarqué, bien que j’eusse souvent chassé dans tous les environs du château. Comme j’ai une très-bonne mémoire locale, je fus bientôt certain que ce sentier n’existait pas lors de mon dernier séjour à Flamarande, et, comme j’étais à l’affût de toute découverte favorable à mes recherches, je m’enfonçai résolûment dans ce sentier, qui gravissait le rocher par des gradins naturels et aboutissait à une sorte d’impasse.

J’allais revenir sur mes pas lorsque je vis que la roche avait été entamée par la pioche, et qu’il était facile d’en gagner le faîte.

— Si je ne me trompe, pensais-je, ceci doit aboutir au cirque de Mandaille et aux sources de la Jordanne. J’avais calculé juste. Après avoir gravi plusieurs monticules superposés, je me trouvai en face