Page:Sand - Flamarande.djvu/275

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affirme tellement le fait qui l’a frappé (à une époque où personne ne soupçonnait le comte), que je crois maintenant à un enlèvement. Il faut partir de là et surveiller ledit Charles, qui est toujours là et qui voyage beaucoup pour le compte de son maître. Venez à Paris sous le plus strict incognito. Ne descendez pas à votre hôtel et ne paraissez pas chez moi, car ma maison est surveillée par cet espion. J’attendrai à Paris que vous me donniez avis de votre arrivée. J’irai m’entendre avec vous à l’adresse que vous m’indiquerez. Au train dont marche la vapeur à présent, je compte que vous pouvez être revenu, au plus tard, à la fin du mois prochain. Je vous rappelle, entendez-vous, ingrat ? Et ce n’est pas pour le plaisir de vous revoir, espoir égoïste que vous ne réaliseriez pas ; je vous appelle à mon secours pour qu’à nous deux nous guérissions ce cœur brisé d’une pauvre mère dont la douleur me navre. Je ne la crois pas aussi innocente de son propre malheur qu’il vous a plu de me le dire et de me le jurer… Ne vous fâchez pas, mauvaise tête ! Qui peut douter de votre honneur ? Mais l’honneur d’un homme ne consiste-t-il pas, dans certains cas, à mentir très-résolûment pour sauver celui d’une femme ? Pauvre Rolande ! comment eût-elle résisté à votre passion ? Elle était si jeune, si tristement mariée, et vous aviez le cœur tellement pris, la tête tellement montée ! Quelque