Page:Sand - Francia.djvu/48

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hommes de la cour de Russie, et, quoique brave et instruit, étant né sans fortune, il n’avait dû la sienne qu’à la protection des femmes. La protection, de quelque part, qu’elle vînt, était à cette époque la condition indispensable de toute destinée pour la noblesse pauvre en Russie. Ogokskoï avait été protégé par le beau sexe, Mourzakine était protégé par son oncle : on avait du mérite personnel si on pouvait, mais il fallait, pour obtenir quelque chose, ne pas commencer exclusivement par le mériter. Le temps était proche où la monarchie française profiterait de cet exemple, qui rend l’art de gouverner si facile.

Ogokskoï n’était plus beau. Les fatigues et les anxiétés de la servitude avaient dégarni son front, altéré ses dents, flétri son visage. Il avait dépassé notablement, disait-on, la cinquantaine, et il aurait pris du ventre, si l’habitude qu’ont les officiers russes de se serrer cruellement les flancs à grand renfort de ceinture n’eût forcé l’abdomen à se réfugier dans la région de l’estomac. Il avait donc le buste énorme et la tête petite, disproportion