Page:Sand - Histoire de ma vie - tome 1.djvu/102

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le passé au présent, et que l’on arrive à des conclusions qui intéressent le problème social.

L’histoire se sert donc de tout, d’une note de marchand, d’un livre de cuisine, d’un mémoire de blanchisseuse. Et voilà comment vingt-sept aunes de velours vert peuvent intéresser l’histoire de l’humanité. Ceci peut servir de note à l’estimable ouvrage dont j’ai tiré cet exemple[1].

Je vais donc citer textuellement une série de lettres écrites par mon père âgé de seize ans, à sa mère détenue aux Anglaises sous la Terreur, et j’avertis le lecteur qu’il n’y a rien de varié et rien de dramatique dans la situation personnelle que ces lettres constatent. Elles ne constatent, au contraire, que la morne situation de deux âmes déchirées de douleur. Mais elles sont datées de 94, et c’est là leur valeur historique. Et, quant à leur valeur morale, on eu jugera après les avoir lues. C’est un monument d’innocence, d’amour filial, et de cet état angélique de l’âme qui caractérise le véritable adolescent.

  1. L’Inconnu, roman inconnu de Maurice Sand.