Page:Sand - Histoire de ma vie - tome 1.djvu/112

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qu’il faisait le procès aux vices et aux ridicules du genre humain.

Si cette maison m’eût appartenu, je l’aurais laissée avec tous ses vieux ornements, je ne l’aurais rétablie qu’en la faisant étayer. Les jardins eussent été entretenus sur les anciens dessins ; mon jardinier se fût appelé Antoine. Cette demeure eût été entièrement consacrée à la mémoire du grand poëte.

En revenant, comme nous pensons toujours que la détention ne peut plus être de longue durée, nous avons visité des appartements qui pourraient te convenir. II y en a un d’où l’on découvre tout Paris ; mais il y a un arbre qui est comme celui de Rousseau ; il te cacherait toute la montagne Sainte-Geneviève, cette plage maudite qui te rappellerait de tristes souvenirs. Ah ! que je voudrais que tu vinsses choisir toi-même ! que je serais heureux J’espère que les temps deviendront meilleurs…

Je t’embrasse de toute mon âme, de toute ma tendresse.


LETTRE VIII

Passy, 27 floréal, huit heures du soir.

Je rentre dans l’instant. Antoine est venu de ta part savoir de mes nouvelles. Il m’a un peu rassuré, je craignais que la possibilité de t’écrire ne me fût encore ôtée. Toutes ces nouvelles sont bien tristes. Tantôt on ne peut te voir, tantôt on ne peut t’écrire. Quand ces tourments finiront-ils ? Adieu, ma bonne mère. Antoine veut partir ; il est tard, et je n’ai pas encore été signer à la municipalité.