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HISTOIRE DE MA VIE

père et mère inconnus. La demoiselle Aurore présenta requête à la cour, à l’effet d’être reçue appelante de la sentence du Châtelet. La cour, plaidant Me Thétion pour la demoiselle Aurore, qui fournit la preuve complète, tant par la déposition du sieur Gervais, qui avait accouché sa mère, que par les personnes qui l’avaient tenue sur les fonts baptismaux, etc., qu’elle était fille naturelle du comte de Saxe, et qu’il l’avait toujours reconnue pour sa fille ; Me Massonnet pour le premier tuteur qui s’en rapportait à justice, sur les conclusions conformes de M. Joly de Fleury, avocat général, rendit, le 4 juin 1766, un arrêt qui infirma la sentence du 3 mai précédent ; émendant, nomma Me Giraud, procureur en la cour, pour tuteur de la demoiselle Aurore, la déclara « en possession de l’état de fille naturelle de Maurice, comte de Saxe, la maintint et garda dans ledit état et possessions d’icelui ; ce faisant, ordonna que l’acte baptistaire inscrit sur les registres de la paroisse de Saint-Gervais et Saint-Protais de Paris, à la date de 19 octobre 1748 ; ledit extrait contenant Marie-Aurore, fille, présentée ledit jour à ce baptême par Antoine-Alexandre Colbert, Marquis de Sourdis, et par Geneviève Rinteau, parrain et marraine, sera réformé, et qu’au lieu des noms de Jean-Baptiste de la Rivière, bourgeois de Paris, et de Marie Rinteau, sa femme, il sera, après le nom de Marie-Aurore, fille, ajouté ces mots : naturelle de Maurice, comte de Saxe, maréchal-général des camps et armées de France, et de Marie Rinteau ; et ce par l’huissier de notre dite cour, porteur du présent arrêt, etc.[1] »

Une autre preuve irrécusable que ma grand’mère eût pu revendiquer devant l’opinion publique, c’est la ressem-

  1. Extrait de la Collection de décisions nouvelles et de notions relatives à la jurisprudence actuelle, par Me J.-B. Denisart, procureur au châtelet de Paris, tome III, p. 704. — Paris, 1774.