sables brûlans, les forêts de pins et de chênes-liéges prirent, sous les lichens, un aspect druidique, tandis que le sol, raffermi et rafraîchi par les pluies, se couvrit d’une végétation printanière qui devait disparaître à l’époque qui est le printemps au nord de la France. Les genêts épineux fleurirent, des mousses luxuriantes semées de violettes s’étendirent sous les taillis, les loups hurlèrent, les lièvres bondirent, Colette arriva de Nohant et la chasse résonna dans les bois.
J’y pris grand goût. C’était la chasse sans luxe, sans vaniteuse exhibition d’équipages et de costumes, sans jargon scientifique, sans habits rouges, sans prétentions ni jalousies de sport, c’était la chasse comme je pouvais l’aimer, la chasse pour la chasse. Les amis et les voisins arrivaient la veille, on envoyait vite boucher le plus de terriers possible ; on partait avec le jour, monté comme on pouvait, sur des chevaux dont on n’exigeait que de bonnes jambes et dont on ne raillait pourtant pas les chutes, inévitables quelquefois dans des chemins traversés de racines que le sable dérobe absolument à la vue et contre lesquelles toute prévoyance est superflue. On tombe sur le sable fin, on se relève, et tout est dit. Je ne tombai cependant jamais ; fût-ce par bonne chance ou par la supériorité des instincts de Colette, je n’en sais rien.
On se mettait en chasse quelque temps qu’il