Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 1a4 1855 Gerhard.djvu/210

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cela, et s’en aller dans le tintamarre d’une fête. Quand j’ai annoncé mon départ à mes amis, tous se sont écriés : « Il faut lui faire une conduite d’honneur. Il faut nous griser avec lui à son premier gîte et nous séparer tous ivres, car, de sang-froid, ce serait trop dur. » En conséquence, voilà qu’on équipe pour Bonn, trois cabriolets, deux bironchtes et cinq chevaux de selle. Non seulement je serai escorté par notre tablée, mais encore par un jeune officier d’infanterie légère, Parisien charmant et qui a reçu une excellente éducation ; par Maulnoir, par les secrétaires du général, par un garde-magasin des vivres et par un jeune adjudant de place, qui donnera une grande considération à la bande joyeuse, et l’empêchera d’être arrêtée pour tout le tapage qu’elle se propose de faire. En vérité il est doux d’être aimé, et tu vois bien que le rang et la richesse n’y font rien. L’affection ne regarde pas à cela, surtout dans la jeunesse qui est l’âge de l’égalité véritable et de l’amitié fraternelle.

« Nous sommes déjà une vingtaine, et à chaque instant mon escorte se recrute de nouveaux convives ; cette ville est le centre de réunion de tous les employés de l’aile gauche de l’armée du Danube, et, parmi eux, il y a une foule de jeunes gens excellens. Je suis lié avec tous ; nous nageons ensemble, nous faisons des armes, nous jouons au ballon, etc. Compagnon