Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 1a4 1855 Gerhard.djvu/220

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faibles et craintives est le salut de ceux qui l’acceptent.

Christine de Suède avait pris pour devise : Fata viam inveniunt. « Les destins guident ma route. » Moi j’aime encore mieux l’oracle de Rabelais : Ducunt volentem fata, nolentem trahunt. « Les destins conduisent ceux qui veulent et traînent ceux qui résistent. » Tu verras que cette carrière est la mienne. Dans une révolution, ce sont toujours les sabres qui tranchent les difficultés, et nous voilà aux prises avec l’ennemi pour défendre les conquêtes philosophiques. Nos sabres auront raison. Voltaire et Rousseau, tes amis, ma bonne mère, ont besoin maintenant de nos armes ; qui eût dit à mon père, lorsqu’il causait avec Jean-Jacques, qu’il aurait un jour un fils qui ne serait ni fermier-général, ni receveur des finances, ni riche, ni bel esprit, ni même très philosophe, mais qui, de gré autant que de force, serait soldat d’une république, et que cette république serait la France ?

C’est ainsi que les idées deviennent des faits, et mènent plus loin qu’on ne pense.

« Adieu, ma bonne mère, sur ces belles réflexions. Je m’en vais faire donner l’avoine ou enlever ce qui en résulte. » LETTRE XLIV.

« Thionville, 13 fructidor an VII (sept. 99).

« Toujours à Thionville, ma bonne mère ; depuis quatre heures du matin jusqu’à huit heures