de désespoir quand elle les voyait passer entre les mains du boucher ; tandis que moi, élevée à la campagne, rustiquement même, et devant m’être habituée à voir ces animaux qu’on nourrit chez nous en grand nombre, j’en ai toujours eu une terreur puérile, insurmontable, jusqu’au point de perdre la tête si je me vois entourée de cette gent immonde : j’aimerais cent fois mieux me voir au milieu des lions et des tigres.
C’est peut-être que tous les types, departis chacun spécialement à chaque race d’animaux, se retrouvent dans l’homme. Les physionomistes ont constaté des ressemblances physiques ; qui peut nier les ressemblances morales ? N’y a-t-il pas parmi nous des renards, des loups, des lions, des aigles, des hannetons, des mouches ? La grossièreté humaine est souvent basse et féroce comme l’appétit du pourceau, et c’est ce qui me cause le plus de terreur et de dégoût chez l’homme. J’aime le chien, mais pas tous les chiens. J’ai même des antipathies marquées contre certains caractères d’individus de cette race. Je les aime un peu rebelles, hardis, grondeurs et indépendans.
Leur gourmandise à tous me chagrine. Ce sont des êtres excellens, admirablement doués, mais incorrigibles sur certains points où la grossièreté de la brute reprend trop ses droits. L’homme-chien n’est pas un beau type.
Mais l’oiseau, je le soutiens, est l’être supérieur