Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 1a4 1855 Gerhard.djvu/377

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car toute la côte était en feu, toute la rade couverte de bâtimens, et, sur deux mille coups de canon tirés de part et d’autre, nous n’avons pas perdu un seul homme. Les boulets ennemis passaient par dessus nos têtes, et allaient, sans faire de mal à personne, se perdre dans la campagne.

« …J’ai vu ici le général Bertrand, après avoir été six fois inutilement chez lui. Il est venu dîner enfin chez Dupont, et j’ai été enchanté de lui. Il a des manières franches, aimables, amicales, sans ton, sans prétentions. Nous avons parlé du Berry avec le plaisir de deux compatriotes qui se rencontrent loin de leur pays, et qui s’entretiennent de tout ce qu’ils y ont laissé d’intéressant et d’attachant : de leurs mères surtout. »


LETTRE VI.
« Au Fayel, 12 prairial.

« Nous sommes bien affairés ici. Nous avons fait durant quatre jours des courses énormes à l’effet de nous entendre sur la rédaction de l’adresse que nous sommes forcés de présenter au premier consul, à l’effet de le supplier d’accepter la couronne impériale et le trône des Césars. »


Pendant que Maurice écrivait ainsi à sa mère, Victoire, désormais Sophie (l’habitude lui était venue de l’appeler ainsi), était venue le rejoindre au Fayel. Elle était sur le point d’accoucher. J’étais donc déjà au camp de Boulogne, mais sans