Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 1a4 1855 Gerhard.djvu/378

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

y songer à rien, comme on peut croire, car, peu de jours après, j’allais voir la lumière sans en penser davantage. Cet accident de quitter le sein de ma mère m’arriva à Paris, le 16 messidor an XII, un mois juste après le jour où mes parens s’engagèrent irrévocablement l’un à l’autre. Ma mère, se voyant près de son terme, voulut revenir à Paris, et mon père l’y suivit le 12 prairial. Le 16, ils se rendirent en secret à la municipalité du deuxième arrondissement. Le même jour, mon père écrivait à ma grand’mère : « Paris, 16 prairial an XII.

« J’ai saisi l’occasion de venir à Paris, et j’y suis. Dupont y a consenti parce que, mes quatre ans de lieutenance expirés, j’ai droit au grade de capitaine, et je viens le réclamer. Je voulais aller et surprendre à Nohant, mais une lettre de Dupont, que j’ai reçue ce matin, où il m’envoie une demande de sa main au ministre, pour le premier emploi vacant, me retient encore ici quelques jours. Si je ne réussis pas cette fois, je me fais moine. Vitrolles, qui veut acheter la terre de Ville-Dieu, partira avec moi pour le Berry. M. de Ségur appuie la demande de Dupont. Enfin, je te verrai bientôt, j’espère.

J’ai reçu ta dernière lettre qu’on m’a renvoyée de Boulogne. Qu’elle est bonne !… Allons, mercredi, s’il est possible, je t’embrasserai, ce sera un heureux jour pour moi : il y en a comme cela dans la vie qui consolent