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CHAPITRE DEUXIÈME

Mme de Genlis, les Battuécas. — Les rois et les reines des contes de fées. — L’écran vert. — La grotte et la cascade. — Le vieux château. — Première séparation d’avec ma mère. — Catherine. — Effroi que me causait l’âge et l’air imposant de ma grand’mère. — Voyage à Paris. — La grande berline. — L’appartement de ma grand’mère à Paris. — Mes promenades avec ma mère. — La coiffure à la chinoise. — Ma sœur. — Premier chagrin violent. — La poupée noire. — Maladie et visions dans le délire.


Ma petite cervelle était toujours pleine de poésie, et mes lectures me tenaient en haleine sous ce rapport. Berquin, ce vieux ami des enfans qu’on a, je crois trop vanté, ne me passionna jamais. Quelquefois ma mère nous lisait tout haut des fragmens de roman de Mme de Genlis, cette bonne dame qu’on a trop oubliée, et qui avait un talent réel. Qu’importent aujourd’hui ses préjugés, sa demi-morale souvent fausse et son caractère personnel, qui ne semble pas avoir eu de parti pris entre l’ancien monde et le nouveau ? Relativement au cadre qui a pesé sur elle, elle a peint aussi largement que possible. Son véritable naturel a dû être excellent, et il y a certain roman d’elle qui ouvre vers l’avenir