Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 1a4 1855 Gerhard.djvu/98

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passions opposées, ne purent la donner à personne.

Ils le tentèrent. Que Dieu les absolve des moyens qu’ils furent réduits à employer. Ce n’est pas à nous, pour qui ils ont travaillé, à les juger du haut de notre inaction inféconde[1].

Dans cette épopée sanglante, où chaque parti revendique pour lui-même les honneurs et les mérites du martyre, il faut bien reconnaître qu’il y eut, en effet, des martyrs dans les deux camps. Les uns souffrirent pour la cause du passé, les autres pour celle de l’avenir ; d’autres encore, placés à la limite de ces deux principes, souffrirent sans comprendre ce qu’on châtiait en eux. Que la réaction du passé se fût faite, ils eussent été persécutés par les hommes du passé comme ils le furent par les hommes de l’avenir.

C’est dans cette position étrange que se trouva la noble et sincère femme dont je raconte ici l’histoire. Elle n’avait point songé à émigrer, elle continuait à élever son fils et à s’absorber dans cette tâche sacrée.

Elle acceptait même la réduction considérable que la crise publique avait apportée dans ses ressources. Des débris de ce qu’elle appelait les débris de sa fortune première, elle avait acheté environ 300,000 livres la terre de Nohant, peu éloignée de Châteauroux : ses relations

  1. 1847.