Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 5a9 1855 Gerhard.djvu/108

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depuis ce temps-là. Elle me fit comprendre que Caroline avait besoin d’elle, que nous serions bientôt réunies à Paris, qu’elle viendrait encore à Nohant l’année suivante. Je me soumis.

Ces deux mois se passèrent sans encombre : je m’habituais aux manières imposantes de ma bonne maman ; j’étais devenue assez raisonnable pour obéir sans effort, et elle s’était, de son côté, un peu relâchée envers moi de ses exigences de bonne tenue. À la campagne, elle était moins frappée des inconvéniens de mon laisser-aller. C’est à Paris qu’en me comparant aux petites poupées du beau monde, elle s’effrayait de mon franc parler et de mes allures de paysanne. Alors recommençait la petite persécution qui me profitait si peu.

Nous quittâmes Nohant, ainsi qu’on me l’avait promis, aux premiers froids. Il fut décidé qu’on mettrait Hippolyte en pension à Paris pour le dégrossir aussi de ses manières rustiques. Deschartres s’offrit à l’y conduire, à faire choix de l’établissement destiné au bonheur de posséder un élève si gentil, et à l’y installer. On lui fit donc un trousseau ; et comme il devait aller prendre avec Deschartres la diligence à Châteauroux, il fut convenu que nous traverserions la brande ensemble, nous dans la voiture, conduite par Saint-Jean et les deux vieux chevaux, Hippolyte et Deschartres à cheval sur les paisibles jumens