Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 5a9 1855 Gerhard.djvu/116

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C’était un professeur à grandes prétentions et capable de gâter la meilleure main avec ses systèmes. Il tenait à la position du bras et du corps, comme si écrire était une mimique chorégraphique : mais tout se tenait dans le genre d’éducation que ma grand’mère voulait nous donner ; il fallait de la grâce dans tout. M. Loubens avait donc inventé divers instrumens de gêne pour forcer ses élèves à avoir la tête droite, le coude dégagé, trois doigts allongés sur la plume, et le petit doigt étendu sur le papier, de manière à soutenir le poids de la main. Comme cette régularité de mouvement et cette tension des muscles sont ce qu’il y a de plus antipathique à l’adresse naturelle et à la souplesse des enfans, il avait inventé : 1º pour la tête, une sorte de couronne en baleine ; 2º pour le corps et les épaules, une ceinture qui se rattachait par derrière à la couronne, au moyen d’une sangle ; 3º pour le coude, une barre de bois qui se vissait à la table ; 4º pour l’index de la main droite, un anneau de laiton soudé à un plus petit anneau dans lequel on passait la plume ; 5º pour la position de la main et du petit doigt, une sorte de socle en bois avec des entailles et des roulettes. Joignez à tous ces ustensiles indispensables à l’étude de la calligraphie selon M. Loubens, les règles, le papier, les plumes et les crayons, toutes choses qui ne valaient rien, si elles n’étaient fournies par le professeur, on verra que le professeur faisait un