Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 5a9 1855 Gerhard.djvu/120

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me rendait ridicule, et le grand art de la calligraphie que M. Loubens me rendait odieux. Lorsque l’abbé d’Andrezel venait voir ma grand’mère, il entrait quelquefois dans la chambre où nous prenions nos leçons, et à la vue de M. Loubens, il s’écriait : « Salut à M. le professeur de belles-lettres ! » titre que M. Loubens, soit qu’il comprît ou non le calembour, acceptait fort gravement. « Ah ! grand Dieu ! disait ensuite l’abbé, si on enseignait les véritables belles-lettres à l’aide de carcans, de camisoles de force et d’anneaux de fer, suivant la méthode Loubens, combien de littérateurs nous aurions de moins, mais combien de pédans de plus ! »

Nous occupions alors un très joli appartement rue Thiroux, n° 8. C’était un entresol assez élevé pour un entresol, et vaste pour un appartement de Paris. Il y avait comme dans la rue des Mathurins un beau salon où l’on n’entrait jamais. La salle à manger donnait sur la rue, mon piano était entre les deux fenêtres, mais le bruit des voitures, les cris de Paris, bien plus fréquens et plus variés qu’ils ne le sont aujourd’hui, les orgues de Barbarie et le passage des visiteurs me dérangeaient tellement que je n’étudiais avec aucun plaisir et seulement pour l’acquit de ma conscience.

La chambre à coucher, qui était réellement le salon de ma grand’mère, donnait sur une cour, terminée par un jardin et un grand pavillon,