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Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 5a9 1855 Gerhard.djvu/134

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et que j’appelle aujourd’hui mon vieux ami. Enfin, notre plus proche voisin habitait et habite encore un joli château de la renaissance, ancienne appartenance de Diane de Poitiers. Ce voisin, M. Papet, amenait sa femme et ses enfans passer la journée chez nous, et son fils Gustave était encore en robe quand nous fîmes connaissance. Voilà trois pères de famille, plus jeunes que moi de quelques années, que j’ai connus en petits jupons et en bourrelet, que j’ai pris dans mes bras déjà robustes pour leur faire cueillir des cerises aux arbres de mon jardin, qui m’ont tyrannisée des journées entières (car, dès mon enfance, j’ai aimé les petits enfans avec une passion maternelle), et qui souvent, depuis, se sont crus pourtant plus raisonnables que moi. Les deux aînés sont déjà un peu chauves, et moi je grisonne. J’ai peine aujourd’hui à leur persuader qu’ils sont des enfans, et ils ne se souviennent plus des innombrables méfaits que j’ai à leur reprocher. Il est vrai que des amitiés de quarante ans ont pu réparer bien des sottises, robes déchirées, joujoux cassés, exigences furibondes. J’en passe, et des meilleures ! C’était un peu ma faute, et je ne pouvais pas m’empêcher de rire avec mon frère et Ursule de leurs turpitudes.

Il n’y avait pas si longtemps que nous les trouvions charmantes à commettre pour notre propre compte.

Au milieu de nos jeux et de nos songes dorés,