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Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 5a9 1855 Gerhard.djvu/136

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puissantes familles, la population de cette vaste cité n’en eut pas moins l’obligation de subir le sacrifice de ses maisons, et de ses biens, et il est permis de douter qu’elle y eût consenti unanimement si elle eût pu être consultée, si elle eût eu des réclamations à faire entendre, des droits à faire valoir. La guerre de Russie, c’est le navire battu de l’orage qui jette à l’eau sa cargaison pour alléger son lest ; le czar, c’est le capitaine ; les ballots qu’on submerge, c’est le peuple ; le navire qu’on sauve, c’est la politique du souverain. Si jamais autorité a méprisé profondément et compté pour rien la vie et la propriété des hommes, c’est dans les monarchies absolues qu’il faut aller chercher l’idéal d’un pareil système.

Mais l’autorité de Napoléon recommença, dès le moment de nos désastres en Russie, à représenter l’individualité, l’indépendance et la dignité de la France. Ceux qui en jugèrent autrement pendant la lutte de nos armées avec la coalition tombèrent dans une erreur fatale. Les uns, ceux qui se préparaient à trahir, commirent sciemment un mensonge envers la conscience publique : d’autres, les pères du libéralisme naissant, y tombèrent probablement de bonne foi. Mais, l’histoire commence à faire justice de leur rôle en cette affaire. Ce n’était pas le moment de s’aviser des empiétemens de l’empereur sur les libertés politiques, lorsque le premier repré-