Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 5a9 1855 Gerhard.djvu/16

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envoyer ma rougeole à Caroline. — Voyez, dit ma mère à je ne sais quelle personne qui était avec elle. Elle me connaît bien, elle ! Elle ne m’accuse pas. On aura beau faire et beau dire, on ne l’empêchera pas de m’aimer…… »

On voit, d’après ces petites scènes d’intérieur, qu’il y avait autour de mes deux mères, des gens qui leur redisaient tout, et qui envenimaient leurs dissentimens. Mon pauvre cœur d’enfant commençait à être ballotté par leur rivalité. Objet d’une jalousie et d’une lutte perpétuelles, il était impossible que je ne fusse pas la proie de quelque prévention, comme j’étais la victime des douleurs que je causais.

Dès que je fus en état de sortir, ma grand’mère m’enveloppa soigneusement, me prit avec elle dans une voiture et me conduisit chez ma mère où je n’avais pas encore été depuis mon retour à Paris. Je crois qu’elle demeurait alors rue Duphot, si je ne me trompe. L’appartement était petit, sombre et bas, pauvrement meublé, et le pot-au-feu bouillait dans la cheminée du salon. Tout était fort propre, mais ne sentait ni la richesse ni la prodigalité. On a tant reproché à ma mère d’avoir mis du désordre dans la vie de mon père et de lui avoir fait faire des dettes, que je suis bien aise de la retrouver dans tous mes souvenirs, économe, presque avare pour elle-même.

La première personne qui vint nous ouvrir