Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 5a9 1855 Gerhard.djvu/18

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mère avec un regard sec et enflammé. Celle-ci vit bien qu’il fallait aller au devant de l’orage. — Ma fille, dit-elle avec beaucoup de calme et de dignité, sans doute quand vous avez envoyé Caroline chez moi, vous aviez mal compris mes intentions à l’égard des relations qui doivent exister entre elle et Aurore. Je n’ai jamais eu la pensée de contrarier ma petite-fille dans ses affections. Je ne m’opposerai jamais à ce qu’elle vienne vous voir et à ce qu’elle voie Caroline chez vous. Faisons donc en sorte, ma fille, qu’il n’y ait plus de malentendu à cet égard. »

Il était impossible de s’en tirer plus sagement et avec plus d’adresse et de justice. Elle n’avait pas été toujours aussi équitable dans cette affaire. Il est bien certain qu’elle n’avait pas voulu consentir, dans le principe, à ce que je visse Caroline, même chez ma mère, et que ma mère avait été forcée de s’engager à ne me point amener chez elle dans nos promenades, engagement qu’elle avait fidèlement observé. Il est bien certain aussi qu’en voyant dans mon cœur plus de mémoire et d’attachement qu’elle ne pensait, ma bonne maman avait renoncé à une résolution impossible et mauvaise. Mais, cette concession faite, elle conservait son droit de ne pas admettre chez elle une personne dont la présence lui était désagréable. Son explication adroite et nette coupait court à toute récrimination : ma mère le sentit et son courroux tomba. « À la bonne